14-07-2025
Parcours appris « par coeur », journée à l'avant et maillot à pois à la clé : Lenny Martinez avait tout planifié
Le nouveau porteur du maillot à pois, le Français Lenny Martinez (Bahrain Victorious), s'était glissé dans la bonne échappée mais n'a pas pu jouer la victoire d'étape.
Ces gros pois rouges sur un dos si frêle, ça lui fait tout « bizarre », comme il l'a lui-même reconnu. Lenny Martinez a pris la tête du classement de la montagne ce lundi, quarante-sept ans après son grand-père, Mariano. Si le lien entre les deux hommes est parfois distendu, le fil est forcément retissé depuis cette étape dans les monts d'Auvergne. Une journée où le jeune coureur de Bahrain Victorious (22 ans) voulait absolument être devant.
Acte I
L'entame parfaite
Dans son peignoir couleur chair, claquettes au pied, chaîne apparente autour du cou, Lenny Martinez patientait dimanche assis dans un fauteuil de camping avant de se jeter dans un bain glacé. Il souriait malicieusement au moment d'évoquer l'étape de ce 14 juillet dans le Puy-de-Dôme : « Oui, je vais essayer d'être dans l'échappée. J'ai reconnu l'étape avant le Tour de France, je la connais par coeur, le final je le connais par coeur aussi. Le jour de la fête nationale, c'est clair que ça rajoute quelque chose. Gagner un 14 juillet c'est mieux qu'un autre jour (sourire). »
Il n'y a donc eu aucune surprise à voir le Cannois attaquer le premier, dès la fin du départ fictif, pour se mettre en jambes. Accompagné de son coéquipier Matej Mohoric, Martinez a tout fait pour sauter dans tous les coups en attendant que l'échappée, la bonne, se forme. Elle a finalement été constituée de 29 éléments. Et sur les cinq premières difficultés du jour, le Français est à chaque fois passé en tête, grappillant 25 points sur 25 possibles.
« Je suis allé chercher quelques points, glissait Martinez. Je n'étais pas sûr de moi pour la victoire d'étape, je ne voulais pas repartir sans rien. » « L'objectif était d'être dans l'échappée pour The Bastille Day, je crois que ça s'est vu, et Lenny a fait un excellent travail pour y être et ensuite pour prendre les points du maillot à pois », appréciait à l'arrivée son directeur sportif, Roman Kreuziger, qui lui avait demandé plusieurs fois à la radio en début d'étape de ne pas griller toutes ses cartouches inutilement.
Acte II
La victoire s'éloigne
Constamment vigilant, constamment dans les premières positions pour ne pas se faire surprendre par une attaque et pour porter les siennes à l'approche des sommets des côtes répertoriées pour le Grand Prix de la montagne, Martinez a effectué un premier recul physique au passage du col de la Croix Morand, devancé par Ben Healy et Quinn Simmons. Le Français a ensuite lâché les roues des costauds une première fois à 29,8 kilomètres de l'arrivée après une accélération sur le plat de Ben O'Connor puis définitivement à 27,9 sur un relais appuyé de Simmons.
Preuve, quand même, que les cartouches laissées en début d'étape ont laissé des traces « J'ai beaucoup souffert. J'ai essayé pour la victoire d'étape mais les coureurs devant étaient trop forts pour moi. Dans la course, il y a beaucoup de hauts et de bas, parfois on se sent bien, parfois un peu moins bien, ce n'était jamais la même chose d'une bosse à l'autre, confiait-il dans la voiture qui l'emmenait à Toulouse. Mais, à la fin, ma force a baissé alors que les premiers avaient toujours la même force, je pense que ça viendra avec l'âge... »
Acte III
Le sursaut
Lâché et à plus d'une minute de la tête de la course en six kilomètres de transition, Martinez s'est même mis à saigner du nez sous le coup de la chaleur et de la fatigue. Mais le jeune Français s'est battu sur son vélo pour ne pas finir en roue libre. Cela s'est vu sur son visage marqué par l'effort, mais il s'est refait une petite santé dans la dernière ascension et il a été récompensé d'une 8e place au Mont-Dore.
Il s'était fait dépasser par Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, avant de leur proposer un gros relais dans le dernier kilomètre et finir devant eux. « Je suis très content d'avoir pris le maillot à pois, c'est un maillot qui me faisait rêver quand j'étais petit et que je regardais le Tour de France », assurait Martinez lundi soir. Comme son grand-père en 1978, qui, lui, l'avait ramené à Paris.
« On va essayer de l'emmener le plus loin possible, souriait le petit-fils au micro de France Télévisions. Je sais qu'avec Tadej (Pogacar), ça va être compliqué mais je vais faire le maximum. On verra. » « Je ne dirais pas que ça devient l'objectif numéro 1 maintenant, tempérait Kreuziger devant son car. On va d'abord voir comme il récupère, comme il se sent. On a vu aujourd'hui qu'il pouvait être prêt à gagner une étape. Je me souviens l'avoir dit depuis le début, peut-être qu'il y a des jours où on ne le verra pas, peut-être qu'il y a quelques étapes où il se montrera... »
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